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des deux Indes.
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que le moins de nos concitoyens qu’il ſera poſſible. Les chefs de nos comptoirs ſont aſſez opulens pour le garantir, par tous les moyens connus, des funeſtes influences d’un climat empeſté. Et que nous importe que des Allemands, auxquels d’autres Allemands ſuccéderont, périſſent ou ne périſſent pas, s’il s’en trouve toujours aſſez que la misère chaſſera de leur patrie, & qui ſe laiſſeront bercer d’une fortune qu’ils ne feront point ! Leur paie ceſſe, au moment où ils expirent ; nos coffres continuent à ſe remplir, & nos provinces ne ſe vuident point. La compagnie n’a de sûreté que celle de la république ; & où ſera celle de la république ſi, par une dépopulation conſtante, nous réduiſons notre contrée à la misérable condition de nos colonies » ?

La compagnie ne ſera jamais donc ſervie que par des troupes étrangères ; & jamais elle ne parviendra à leur inſpirer cet eſprit public, cet enthouſiaſme pour la gloire qu’elle n’a pas elle-même. Un corps eſt toujours à cet égard, comme un gouvernement qui ne doit jamais conduire les troupes que par les principes ſur leſquels porte ſa conſtitution.