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des deux Indes.

oppoſées. La seule épaiſſeur de ces montagnes y ſépare l’été de l’hiver ; c’eſt-à-dire, la ſaiſon des beaux jours de celle des pluies : car on ſait qu’il n’y a point d’hiver entre les Tropiques. Mais par ce mot, on entend aux Indes le tems de l’année où les nuages, que le ſoleil pompe au ſein de la mer, ſont pouſſés violemment par les vents contre les montagnes, s’y briſent & ſe réſolvent en pluies, accompagnées de fréquens orages. De-là ſe forment des torrens qui ſe précipitent, groſſiſſent les rivières, inondent les plaines. Tout nage alors dans des ténèbres humides, épaiſſes & profondes. Le jour même eſt obſcurci des plus noires vapeurs. Mais ſemblable à l’abîme qui couvoit les germes du monde avant la création, cette ſaiſon nébuleuſe eſt celle de la fécondité. C’eſt alors que les plantes & les fleurs ont le plus de ſève & de fraîcheur ; c’eſt alors que la plupart des fruits parviennent à leur maturité.

L’été, ſans doute, conſerve mieux ſon caractère que l’hiver dans cette région du ſoleil. Le ciel, ſans aucun nuage qui intercepte ſes rayons, y préſente l’aſpect d’un airain embrâſé. Cependant les vents de mer,