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des deux Indes.

le bonheur de l’homme, & que l’homme y a tout fait contre elle. La fureur des conquêtes, & un autre fléau qui n’eſt guère moins deſtructeur, l’avidité des commerçans, ont ravagé tour-à-tour & opprimé le plus beau pays de l’univers.

Au milieu des brigands féroces, & de ce ramas d’étrangers que la guerre & l’avidité ont attirés dans l’Inde, on en démêle aisément les anciens habitans. La couleur de leur teint & leur forme extérieure, les diſtinguent encore moins que les traits particuliers de leur caractère. Ce peuple, écraſé ſous le joug du deſpotiſme, ou plutôt de l’anarchie la plus extravagante, n’a pris ni les mœurs, ni les loix, ni la religion de ſes tyrans. Le ſpectacle continuel de toutes les fureurs de la guerre, de tous les excès & de tous les vices dont la nature humaine eſt capable, n’a pu corrompre ſon caractère. Doux, humain, timide, rien n’a pu familiariſer un Indien avec la vue du ſang, ni lui inſpirer le courage & le ſentiment de la révolte. Il n’a que les vices de la foibleſſe.

Le voyageur éclairé qui, en parcourant les plaines de L’Égypte, voit épars dans la