Ils diſtinguent quatre âges. L’âge de la pureté dont la durée fut de trois millions deux cens mille ans : alors l’homme vivoit cent mille ans, & ſa ſtature étoit de vingt & une coudées : l’âge de réprobation, ſous lequel un tiers du genre-humain, étoit corrompu : ſa durée fut de deux millions quatre cens mille ans, & la vie de l’homme de dix mille ans. L’âge de la corruption de la moitié de l’eſpèce, dont la durée fut d’un million ſix cens mille ans, & la vie de l’homme de mille ans. L’âge de la corruption générale ou l’ère préſente, dont la durée ſera de quatre cens mille ans ; il y en a près de cinquante mille d’écoulés : au commencement, de ce période, la vie de l’homme fut bornée à cent ans. Par-tout l’âge préſent eſt le plus corrompu. Par-tout ſon ſiècle eſt la lie des ſiècles : comme ſi le vice & la vertu n’étoient pas auſſi vieux que l’homme & le monde.
Quelque fabuleuſes que ces annales nous paroiſſent, par qui pourraient-elles être conteſtées ? Seroit-ce par le philoſophe, qui croit à l’éternité des choſes ? ſeroit-ce par le Juif, dont la chronologie, les mœurs, les lois ont tant de conformité avec le