Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/100

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l’un ſur l’autre, & tendant ſans ceſſe à un équilibre qu’ils n’obtiendront jamais ? Cette lutte ne reſſemble-t-elle pas un peu à une continuelle anarchie ? N’expoſe-t-elle pas à des troubles dans leſquels, d’un moment à l’autre, le ſang des citoyens peut être versé, ſans qu’on ſache ſi l’avantage reſtera du côté de la tyrannie ou du côté de la liberté. Tout bien conſidéré, une nation moins indépendante & plus tranquille ne ſeroit-elle pas plus heureuſe ?

Ces vices & d’autres encore n’entraîneront-ils pas un jour la décadence de cette adminiſtration ? Je l’ignore : mais je ſais que ce ſeroit un grand malheur pour les nations. Toutes lui doivent un ſort plus doux que celui dont elles jouiſſoient. L’exemple d’un peuple libre, riche, magnanime & heureux, au milieu de l’Europe, a frappé tous les eſprits. Les principes d’où découloient tant de biens, ont été ſaiſis, diſcutés, préſentés aux monarques & à leurs délégués, qui, pour éviter l’accuſation de tyrannie, ſe ſont vus contraints de les adopter avec plus ou moins de modification. Les anciennes maximes revivroient bientôt, s’il n’exiſtoit pas,