Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/118

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fa puiſſance au tems des croiſades, & ſon adminiſtration actuelle.

Une ville, grande, magnifique, riche ; inexpugnable, ſans enceinte & ſans fortereſſes, domine ſur ſoixante-douze iſles. Ce ne ſont pas des rochers & des montagnes élevés par le tems au ſein d’une vaſte mer : c’eſt plutôt une plaine morcelée & coupée en lagunes par les ſtagnations d’un petit golfe, ſur la pente d’un terrein bas. Ces iſles, séparées par des canaux, ſont jointes aujourd’hui par des ponts. Les ravages de la mer les ont formées, les ravages de la guerre les ont peuplées vers le milieu du cinquième ſiècle. Les habitans de l’Italie fuyant devant Attila, cherchèrent un aſyle dans l’élément des tempêtes.

Les lagunes Vénitiennes ne compoſoient dans les premiers tems, ni la même ville, ni la même république. Unies par un intérêt commun de commerce, ou plutôt par le beſoin de ſe défendre ; elles étoient du reſte divisées en autant de gouvememens que d’iſles ſoumiſes chacune à ſon tribun.

De la pluralité des chefs naquit la diviſion