Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/172

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n’étoient pas aſſez maîtres de leur propre héritage, pour s’occuper des affaires de leurs voiſins.

Le quinzième ſiècle fit éclore un autre ordre de choſes. Quand les princes eurent raſſemblé leurs forces, ils voulurent les meſurer. Juſqu’alors, les nations ne s’étoient fait la guerre que ſur leurs frontières. Le tems de la campagne ſe paſſoit à aſſembler les troupes que chaque baron levoit toujours lentement. C’étoient des eſcarmouches entre des partis, & non des batailles entre des armées. Quand un prince, par des alliances ou des héritages, eut acquis des domaines en différens états ; les intérêts ſe confondirent, & les peuples ſe brouillèrent. Il fallut des troupes réglées à la ſolde du monarque, pour aller défendre au loin des poſſeſſions qui n’appartenoient pas à l’état. La couronne d’Angleterre ceſſa d’avoir des provinces au cœur de la France : mais celle d’Eſpagne acquit des droits en Allemagne, & celle de France forma des prétentions en Italie. Dès-lors toute l’Europe fut dans une alternative perpétuelle de guerre & de négociation.

L’ambition,