Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/177

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victoires ; la pente de ſes intrigues à diviſer tout, pour dominer ſeule ; le mépris pour la foi des traités ; ſon ton de hauteur & d’autorité, achevèrent de changer l’envie en haine, de répandre l’inquiétude. Les princes même qui avoient vu ſans ombrage ou favorisé l’accroiſſemet de ſa puiſſance, ſentirent la néceſſité de réparer cette erreur de politique, & comprirent qu’il falloit combiner & réunir entre eux une maſſe de forces ſupérieures à la ſienne, pour l’empêcher de tyranniſer les nations.

Des ligues ſe formèrent, mais long-tems ſans effet. Un ſeul homme ſut les conduire & les animer. Échauffé de cet eſprit public, qui ne peut entrer que dans les âmes grandes & vertueuſes, ce fut un prince, mais né dans une république, qui ſe pénétra pour l’Europe entière de l’amour de la liberté, ſi naturel aux eſprits juſtes. Cet homme tourna ſon ambition vers l’objet le plus élevé, le plus digne du tems où il vivoit. Jamais ſon intérêt ne put le détourner de l’intérêt public. Avec un courage qui étoit tout à lui, il ſut braver les défaites qu’il prévoyait ; attendant moins de ſuccès