Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/182

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maritime formoit, pour ainſi dire, un nouveau ſyſtême, & ſoumettoit par ſon induſtrie la terre à la mer ; comme la nature l’y a ſoumiſe elle-même par ſes loix. Elle créoit ou développoit ce vaſte commerce qui a pour baſe une excellente agriculture, des manufactures floriſſantes, & les plus riches poſſeſſions des quatre parties du monde. C’eſt cette eſpèce de monarchie univerſelle que l’Europe doit ôter à l’Angleterre, en redonnant à chaque état maritime la liberté, la puiſſance qu’il a droit d’avoir ſur l’élément qui l’environne. C’eſt un ſyſtême de bien public, fondé ſur l’équité naturelle. Ici, la juſtice eſt l’expreſſion de l’intérêt général. On ne ſauroit trop avertir les peuples de reprendre toutes leurs forces, & d’employer les reſſources que leur offrent le climat & le ſol qu’ils habitent, pour acquérir l’indépendance nationale & individuelle où ils ſont nés.

Si les lumières étoient aſſez répandues en Europe, & que chaque nation connût les droits & les vrais biens, ni le continent, ni l’océan ne ſe feroient mutuellement la loi : mais il s’établiroit une influence réci-