Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/185

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meſſe continuels à cet eſprit d’inquiétude, qu’on avoit versé dans l’âme de tous les ambaſſadeurs. Semblable à l’inſecte inſidieux qui fabrique les filets dans l’obſcurité, la politique tendit ſa toile au milieu de l’Europe, & l’attacha en quelque manière à toutes les cours. On n’en peut toucher aujourd’hui un ſeul fil, ſans les tirer tous. Le moindre ſouverain a quelque intérêt caché, dans les traités entre les grandes puiſſances. Deux petits princes d’Allemagne ne peuvent faire l’échange d’un fief ou d’un domaine, ſans être croisés ou ſecondés par les cours de Vienne, de Verſailles ou de Londres. Il faut négocier des années entières dans tous les cabinets, pour un léger arrondiſſement de terrein. Le ſang des peuples eſt la ſeule choſe qu’on ne marchande pas. Une guerre eſt décidée en deux jours, une paix traîne des années entières. Cette lenteur dans les négociations, qui vient de la nature des affaires, tient encore au caractère des négociateurs.

La plupart ſont des ignorans qui traitent avec quelques hommes inſtruits. Le chancelier Oxenſtiern ordonnait à ſon fils de