Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/208

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la guerre à un degré de perfection, dont elle ne peut heureuſement que deſcendre ; Frédéric a vu l’Europe entière ſe jeter avec enthouſiaſme ſur ſes inſtitutions. À l’exemple du peuple Romain, qui en s’inſtruiſant à l’école de ſes ennemis, s’étoit mis en état de leur réſiſter, de les vaincre, de les aſſervir ; les nations modernes ont voulu copier un voiſin redoutable par ſa capacité militaire, & qui pouvoit devenir dangereux par ſes ſuccès. Ont-elles atteint leur but ? ſans doute, on a réuſſi à imiter quelques pratiques extérieures de ſa diſcipline : mais ſes grands principes ont-ils été bien ſaiſis, bien approfondis, bien combinés ? il ſeroit peut-être permis d’en douter.

Quand même cette doctrine ſublime & terrible ſeroit devenue commune aux puiſſances, l’uſage en ſeroit-il égal pour toutes ? Les Pruſſiens ne la perdent pas un moment de vue. Ils ne connoiſſent ni les intrigues des cours, ni les délices des villes, ni l’oiſiveté des campagnes. Leurs drapeaux ſont leur toit ; des chants guerriers, leur amuſement ; les récits de leurs premiers exploits, leur converſation ; de nouveaux lauriers,