Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/250

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coup de cette fineſſe politique qui sème la jalouſie & les différends entre les nations, ouvrit enfin les yeux à d’autres puiſſances. L’Angleterre fut la première à s’apercevoir qu’on n’avoit pas beſoin de l’entremiſe des Hollandois pour trafiquer. Cette nation chez qui les attentats du deſpotiſme avoient enfanté la liberté, parce qu’ils précédèrent la corruption & la molleſſe, voulut acheter les richeſſes par le travail qui en eſt le contrepoiſon. Ce fut elle qui la première enviſagea le commerce, comme la ſcience & le ſoutien d’un peuple éclairé, puiſſant & même vertueux. Elle y vit moins une acquiſition de jouiſſances, qu’une augmentation d’induſtrie ; plus d’encouragement & d’activité pour la population, que de luxe & de magnificence pour la repréſentation. Appelée à commercer par ſa ſituation ; ce fut là l’eſprit de ſon gouvernement & le levier de ſon ambition. Tous ſes reſſorts tendirent à ce grand objet. Mais dans les autres monarchies, c’eſt le peuple qui fait le commerce ; dans cette heureuſe conſtitution, c’eſt l’état ou la nation entière : toujours ſans doute avec le déſir de dominer