Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/275

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induſtrie, d’une culture, d’un travail qui ne lui rend pas l’équivalent de ſes dépenſes, tout périt. La nation tombe dans la misère.

Le terme de l’excluſif expire, & ſon poſſeſſeur ſe retire opulent : mais que produit l’opulence d’un ſeul élevé ſur la ruine de la multitude ? Un grand mal. Si c’eſt un grand mal, pourquoi n’y a-t-on pas obvié ? Pourquoi ne s’y oppoſe-t-on pas ? Par le préjugé auſſi cruel qu’abſurde, qu’il eſt indiffèrent pour l’état, que la richeſſe ſoit dans la bourſe de celui-ci ou de celui-là, dans une ou pluſieurs bourſes. Abſurde, parce que dans tous les cas, dans les grandes néceſſités principalement, le ſouverain s’adreſſe à la nation, c’eſt-à-dire à un grand nombre d’hommes qui n’ont preſque rien & qu’on achève d’écraſer par le peu qu’on en arrache, & à un très-petit nombre qui ont beaucoup, qui donnent peu, ou qui ne donnent jamais en proportion de ce qu’ils ont, & dont la contribution, fût-elle au niveau de leur richeſſe, ne rendroit jamais la centième partie de ce qu’on auroit obtenu ſans exaction, ſans plainte d’un peuple nombreux & aisé. Cruel, parce qu’à égalité d’avantages, il y