Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/299

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cueillir de ce ſacrifice le vêtement & la nourriture de leurs femmes & de leurs enfans. Il ne lui étoit jamais venu dans l’eſprit que dans tous les métiers, l’aiſance qui permet d’appeler des auxiliaires, en adoucit la fatigue, & que d’exclure inhumainement le payſan de la claſſe des propriétaires, c’étoit arrêter les progrès du premier des arts, qui ne pouvoit devenir floriſſant, tant que celui qui bêchoit la terre ſeroit réduit à la bêcher pour autrui. Cet homme d’état n’avoit jamais comparé avec ſes immenſes coteaux, le petit quartier de vigne qui appartenoit à ſon vigneron, & connu la différence de la terre cultivée pour ſoi, & de la terre cultivée pour les autres.

Heureuſement pour la France, tous les agens du gouvernement n’ont pas eu des préjugés auſſi deſtructeurs, & plus heureuſement encore, on y a ſouvent ſurmonté les obſtacles qui s’oppoſoient à l’amélioration des terres & de la culture. L’Allemagne, & le Nord enſuite, ont été entraînés par le goût du ſiècle, que les bons eſprits avoient tourné vers ces grands objets. Ces vaſtes régions ont enfin compris que les contrées les plus