Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

toujours fécondes ; les autres ne ſont que des filles ſouvent ingrates & ſtériles. Les villes ne peuvent guère ſubſiſter que du ſuperflu de la population & de la reproduction des campagnes. Les places même & les ports de commerce, qui, par leurs vaiſſeaux, ſemblent tenir au monde entier, qui répandent plus de richeſſes qu’ils n’en poſſèdent, n’attirent cependant tous les tréſors qu’ils verſent, qu’avec les productions des campagnes qui les environnent. C’eſt donc à la racine qu’il faut arroſer l’arbre. Les villes ne ſeront floriſſantes, que par la fécondité des champs.

Mais cette fertilité dépend moins encore du ſol, que de ſes habitans. Quelques contrées, quoique ſituées ſous le climat le plus favorable à l’agriculture, produiſent moins que d’autres en tout inférieures, parce que le gouvernement y étouffe la nature de mille manières. Par-tout où la nation eſt attachée à ſa patrie par la propriété, par la sûreté de ſes fonds & de ſes revenus, les terres fleuriſſent & proſpèrent. Par-tout où les privilèges ne ſeront pas pour les villes, & les corvées pour les campagnes, on verra chaque propriétaire, amoureux de l’héritage de ſes