Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/333

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Ces faits, ſur leſquels il n’eſt pas poſſible d’élever un doute raiſonnable, ne démontrent-ils pas que le nombre des hommes étoit alors exceſſivement borné en Europe ; & qu’à l’exception d’une ou deux contrées qui peuvent avoir déchu de leur antique population, tout le reſte ne comptoit que peu d’habitans ?

Cette multitude de peuples, que Céſar comptoit dans la Gaule, qu’étoit-ce autre choſe que des eſpèces de nations ſauvages, plus redoutables par leurs noms que par leur nombre ? Tous ces Bretons, qui furent ſubjugués dans leur iſle par deux légions Romaines, étoient-ils beaucoup plus nombreux que ne le ſont les Corſes ? Le Nord ne devoit-il pas être moins peuplé encore ? Des régions où l’aſtre du jour paroit à peine au-deſſus de l’horizon ; où le cours des ondes eſt ſuſpendu huit mois de l’année ; où des neiges entaſſées ne couvrent pas moins de tems un ſol ſouvent ſtérile ; où le ſouffle des vents fait éclater le tronc des arbres ; où les graines, les plantes, les ſources, tout ce qui ſoutient la vie eſt mort ; où la douleur ſort de tous les corps ; où le