Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/34

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des différens gouvernemens ; & l’hiſtoire ne nous eſt preſque d’aucun ſecours ſur ce grand objet. Tous les fondemens de la ſociété actuelle ſe perdent dans les ruines de quelque cataſtrophe ou révolution phyſique. Par-tout, on voit les hommes chaſſés par les incendies de la terre ou par les feux de la guerre, par les débordemens des eaux ou par des inſectes dévorans, par la diſette ou par la famine, ſe réunir dans un coin du monde inhabité ; ou ſe diſperſer, ſe répandre dans des lieux déjà peuplés. Toujours la police commence par le brigandage, & l’ordre par l’anarchie. Mais pour parvenir à quelque réſultat qui ſatiſfaſſe la raiſon, il faut négliger ces ſecouſſes momentanées, & conſidérer les nations dans un état ſtationnaire & tranquille, qui laiſſe un libre cours à la production des phénomènes.

On a dit qu’il y avoit deux mondes, le phyſique & le moral. Plus on aura d’étendue dans l’eſprit & d’expérience, plus on ſera convaincu qu’il n’y en a qu’un, le phyſique qui mène tout, lorſqu’il n’eſt pas contrarié par des cauſes fortuites, ſans leſquelles on eût conſtamment remarqué le même