Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/356

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des hommages qui lui ſont rendus par les autres hommes. Ces richeſſes morales étoient les plus grands tréſors des ſociétés naiſſantes ; c’étoit une ſorte de monnoie qu’il importoit dans l’ordre politique, autant que dans l’ordre moral, de ne pas altérer.

L’honneur ne tint guère moins lieu d’impôts dans les beaux jours des Grecs, que dans les ſociétés naiſſantes. Ceux qui ſervoient la patrie ne ſe croyoient pas en droit de la dévorer. L’impoſition miſe par Ariſtide ſur toute la Grèce, pour ſoutenir la guerre contre la Perſe, fut ſi modérée, que les contribuables la nommèrent eux-mêmes, l’heureux ſort de la Grèce. Quel tems & quel pays où les taxes faiſoient le bonheur des peuples !

Les Romains marchèrent à la domination, ſans preſqu’aucun ſecours de la part du fiſc. L’amour des richeſſes les eût détournés de la conquête du monde. Le ſervice public fut fait avec déſintéreſſement, après même que les mœurs ſe furent corrompues.

Sous le gouvernement féodal il n’y eut point d’impôts. Où les auroit-on pris ? L’homme & la terre étoient la propriété