Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/358

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L’aſſeoira-t-on ſur des déclarations ? Mais il faudroit entre le monarque & les ſujets, une conſcience morale qui les liât l’un à l’autre par un mutuel amour du bien général, ou du-moins une conſcience publique qui les raſſurât l’un envers l’autre par une communication ſincère & réciproque de leurs lumières & de leurs ſentimens. Or, comment établir cette conſcience publique, qui ſerviroit de flambeau, de guide & de frein dans la marche des gouvernemens ?

Percera-r-on dans le ſanctuaire des familles, dans le cabinet du citoyen, pour ſurprendre & mettre au jour ce qu’il ne veut pas révéler ; ce qu’il lui importe même ſouvent de ne pas révéler ? Quelle inquiſition ! quelle violence révoltante ! Quand même on parviendroit à connoître les reſſources de chaque particulier, ne varient-elles pas d’une année à l’autre, avec les produits incertains & précaires de l’induſtrie ? Ne diminuent-elles pas avec la multiplication des enfans, avec le dépériſſement des forces par las maladies, par l’âge & par le travail ? Les facultés de l’humanité, utiles & laborieuſes, ne changent-elles pas avec les vi-