Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/408

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

faut rembourſer ? Les propriétaires des terres, les cultivateurs, tous les citoyens ne ſe trouveront-ils pas plus chargés, que ſi on leur eût demandé directement & tout d’un coup, les ſommes empruntées par le gouvernement ? Leur poſition eſt la même que s’ils euſſent emprunté eux-mêmes, au lieu de faire des économies ſur leurs dépenſes ordinaires, pour ſubvenir à une dépenſe accidentelle.

Mais les papiers publics qui réſultent des emprunts faits par le gouvernement, augmentent la maſſe des richeſſes circulantes, donnent une grande extenſion aux affaires, facilitent toutes les opérations. Hommes aveugles ! voulez-vous voir tout le vice de votre politique ? Pouſſez-la auſſi loin qu’elle peut aller ; faites emprunter par l’état tout ce qu’il peut emprunter ; accablez-le d’intérêts à payer ; mettez-le ainſi dans la néceſſité de forcer tous les impôts : vous verrez qu’avec vos richeſſes circulantes, bientôt vous n’aurez plus de richeſſes renaiſſantes pour vos conſommations & pour le commerce. L’argent & les papiers qui le repréſentent, ne circulent pas d’eux-mêmes, &