Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/426

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à la fois ; je veux dire l’architecture, où la commodité même ordonna les proportions de la ſymétrie, qui contribue au plaiſir des yeux ; la ſculpture, qui flatte les rois & récompenſe les grands hommes ; la peinture, qui perpétue le ſouvenir des belles actions & les ſoupirs des âmes tendres. L’Italie ſeule eut plus de villes ſuperbes, plus de magnifiques édifices, que tout le reſte de l’Europe enſemble. Rome, Florence & Veniſe enfantèrent trois écoles de peintres originaux. Tant le génie appartient à l’imagination, & l’imagination au climat. Si l’Italie eût poſſédé les tréſors du Mexique & les productions de l’Aſie, combien les arts ſe ſeroient encore plus enrichis de la découverte des deux Indes !

Cette région, autrefois féconde en héros, & depuis en artiſtes, vit refleurir les lettres, compagnes inséparables des arts. Elles étoient étouffées par le barbariſme continuel d’une latinité corrompue & défigurée par la religion. Un mélange de théologie Égyptienne, de philoſophie Grecque, de poéſie Hébraïque : telle étoit la langue latine dans la bouche des moines qui chantoient la nuit,