Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/436

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tour-à-tour à mettre de la pouſſière en œuvre, & cette œuvre en pouſſière ?

Mais c’eſt par les arts que l’homme jouit de ſon exiſtence, & qu’il ſe ſurvit à lui-même. Les ſiècles d’ignorance ne ſortent jamais du néant. Il n’en reſte pas plus de trace après qu’avant leur époque. On ne peut dire le lieu & le tems où ils s’écoulèrent, ni graver ſur la terre d’un peuple barbare : c’eſt ici qu’il fut ; puiſqu’il ne laiſſe pas même des ruines pour annales. L’invention ſeule donne à l’homme de la puiſſance ſur la matière & ſur le tems. Le génie d’Homère a rendu les caractères de la langue Grecque ineffaçables. L’harmonie & la raiſon ont mis l’éloquence de Cicéron au-deſſus de tous les orateurs ſacrés. Les pontifes eux-mêmes, amollis, éclairés par la lumière & le charme des arts, en les admirant & les protégeant, ont aidé l’eſprit humain à briſer les chaînes de la ſuperſtition. Le commerce a hâté les progrès de l’art par le luxe des richeſſes. Tous les efforts de l’eſprit & de la main ſe ſont réunis pour embellir & perfectionner la condition de l’eſpèce humaine. L’induſtrie & l’invention,