Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/44

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tête d’une nation qui conſervoit encore les mœurs, le génie & la diſcipline de ſes fondateurs, n’euſſent été obligés d’interrompre leurs expéditions en Pologne, en Hongrie, ou ſur les domaines de la république de Veniſe, pour ſe porter tantôt en Aſie, tantôt en Afrique, ou contre des ſujets rebelles, ou contre des voiſins inquiets. Leur fortune commença à décheoir, auſſi-tôt qu’ils divisèrent leurs forces. Des ſuccès moins rapides & moins brillans firent perdre à leurs armées cette confiance qui étoit l’âme de leurs exploits. Le reſte de l’empire écrasé ſous le deſpotiſme le plus rigoureux n’étoit rien. Les conquêtes ne lui avoient donné aucune force réelle, parce qu’on n’avoit pas ſu les mettre à profit par de ſages réglemens. Détruiſant pour conſerver, les vainqueurs n’avoient rien acquis. Ils ne régnoient que dans des provinces dévaſtées, & ſur les débris des puiſſances qu’ils avoient ruinées.

Tandis qu’une proſpérité trompeuſe préparoit la décadence de l’empire Ottoman, une révolution contraire s’opéroit dans la Chrétienté. Les eſprits commençoient à s’éclairer. Des principes moins inſensés

s’introduiſoient