Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/471

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faſte, un goût ardent pour les épiceries de l’Orient, un eſprit romaneſque qui poliça la nobleſſe, ſans rendre le peuple plus heureux, ni dès-lors plus vertueux : car s’il n’y a point de bonheur ſans vertu, jamais auſſi la vertu ne ſe ſoutiendra ſans un fonds de bonheur.

Environ deux ſiècles après la dépopulation de l’Europe en Aſie, arriva ſa tranſmigration en Amérique. Cette révolution ſubſtitua le cahos au néant, & mêla parmi nous les vices & les productions de tous les climats. La morale ne ſe perfectionna pas davantage, parce qu’on égorgea par avarice, au lieu de maſſacrer par religion. Les nations qui avoient le plus acquis dans le Nouveau-Monde, ſemblèrent recueillir en même tems toute la ſtupidité, la férocité, l’ignorance de l’ancien. Elles devinrent l’égout des vices & des maladies, pauvres & ſales dans l’or, débauchées avec des temples & des prêtres, fainéantes & ſuperſtitieuſes avec toutes les ſources du commerce & les facilités de s’éclairer. Mais auſſi l’amour des richeſſes corrompit toutes les autres nations.

Que ce ſoient la guerre ou le commerce qui introduiſent de grandes richeſſes dans