Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/475

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bientôt d’être ſenſible au blâme & à la louange ; & ſans l’effroi de ces deux reſpectables fantômes, j’ignore quelle ſera la règle de ſa conduite. Il n’y a plus que la fureur du plaiſir qui puiſſe la dédommager du ſacrifice qu’elle a fait. Elle le ſent ; elle ſe le dit ; & affranchie de la contrainte de la conſidération publique, elle s’y livre ſans réſerve.

La femme ſe détermine beaucoup plus difficilement que l’homme : mais lorſqu’elle a pris ſon parti, elle eſt bien plus déterminée. Elle ne rougit plus, lorſqu’une fois elle a ceſſé de rougir. Que ne foulera-t-elle pas aux pieds, lorſqu’elle aura triomphé de ſa vertu ? Que penſera-t-elle de cette dignité, de cette décence, de cette délicateſſe de ſentimens, qui, dans ſes jours de candeur, dictoit ſes propos, compoſoit ſon maintien, ordonnoit de ſa parure ? Ce ne ſeront plus que de l’enfantillage, de la puſillanimité, le petit manège d’une fauſſe innocente, qui a des parens à contenter & un époux à séduire : mais d’autres tems, d’autres mœurs.

Quelle que ſoit ſa perverſité, ce n’eſt point aux grands attentats qu’elle ſe por-