données pour tromper les hommes, & que les plus honnêtes étoient les meilleures dupes.
Sous l’empire de ces mœurs, l’amour conjugal eſt dédaigné ; & ce dédain affoiblit le ſentiment de la tendreſſe maternelle, s’il ne l’éteint pas. Les devoirs les plus ſacrés & les plus doux deviennent importuns ; & lorſqu’on les a négligés ou rompus, la nature ne les renoue plus. La femme, qui ſe laiſſe approcher d’un autre que de ſon mari, n’aime plus ſa famille, & n’en eſt plus reſpectée. Les nœuds du ſang ſe relâchent. Les naiſſances ſont incertaines ; & le fils ne reconnoît plus ſon père, ni le père ſon fils.
Oui, je le ſoutiens, les liaiſons de la galanterie conſomment la dépravation des mœurs & la caractériſent plus fortement que la proſtitution publique. La religion eſt perdue, lorſque le prêtre mène une vie ſcandaleuſe ; pareillement la vertu n’a plus d’aſyle, lorſque le ſanctuaire du mariage eſt profané. La pudeur eſt ſous la ſauve-garde du ſexe timide. Qui eſt-ce qui rougira, où la femme ne rougit plus ? Ce n’eſt pas la proſtitution qui multiplie les adultères ; c’eſt la