Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/65

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& ce déſir devient, avec le tems, l’eſprit général de la nation, & le reſſort du gouvernement.

Pour que le gouvernement d’un tel pays paſſe rapidement de l’état d’une monarchie tempérée à l’état du deſpotiſme le plus illimité, il ne lui faut qu’une ſuite de ſouverains heureux à la guerre. Le maître, fier de ſes triomphes, ſe croit tout permis, ne connoît plus de loi que ſa volonté ; & ſes ſoldats, qu’il a conduits tant de fois à la victoire, prêts à le ſervir envers & contre tous, deviennent, par leur attachement, la terreur de leurs concitoyens. Les peuples, de leur côté, n’oſent refuſer leurs bras à des chaînes qui leur ſont préſentées par celui qui joint à l’autorité de ſon rang, celle qu’il tient de l’admiration & de la reconnoiſſance.

Le joug imposé par le monarque victorieux des ennemis de l’état, pèſe ſans doute : mais on n’oſe le ſecouer. Il s’appeſantit même ſous des ſucceſſeurs qui n’ont pas le même droit à la patience de leurs ſujets. Il ne faut alors qu’un grand revers, pour abandonner le deſpote à la merci de ſon peuple. Alors, ce peuple indigné de ſa longue ſouffrance, ne