Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/94

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arbitraires, quelle reſſource reſteroit-il à la nation ? la réſiſtance.

C’étoit ſur un ſyſtême d’obéiſſance paſſive, de droit divin, de pouvoir indeſtructible que s’appuyoit autrefois l’autorité royale. Ces abſurdes & funeſtes préjugés avoient ſubjugué l’Europe entière, lorſqu’en 1688 les Anglois précipitèrent du trône un prince ſuperſtitieux, persécuteur & deſpote. Alors on comprit que les peuples n’appartenoient pas à leurs chefs ; alors la néceſſité d’un gouvernement juſte parmi les hommes paſſa pour inconteſtable ; alors furent posés les fondemens des ſociétés ; alors le droit d’une défenſe légitime, ce dernier moyen des nations que l’on opprime, fut mis à l’abri de tout doute. À cette époque mémorable, la doctrine de la réſiſtance qui n’avoit été juſque-là qu’une voie de fait, opposée à des voies de fait, fut avouée en Angleterre par la loi elle-même.

Mais comment rendre utile & fécond ce grand principe ? Un citoyen iſolé, abandonné à ſa force individuelle, oſera-t-il jamais lutter contre la puiſſance toujours redoutable de ceux qui gouvernent. Ne doit-il pas être