Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/207

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borner l’uſage. Plutôt que de ſe priver du bénéfice très-conſidérable que ſa vente leur procuroit, ils ont autorisé tous les citoyens à maſſacrer ceux de ces furieux qui courroient les rues avec des armes. Ainſi certaines légiſlations introduiſent ou nourriſſent des paſſions ou des opinions dangereuſes ; & quand on a donné ces maladies aux peuples, on ne fait, d’autre remède que la mort ou les ſupplices.

Les Anglois, qui prennent à cet odieux commerce autant de part qu’il leur eſt poſſible, ont d’autres branches qui leur ſont plus particulières. Ils portent à la côte de Coromandel du riz & du ſucre, qui leur ſont payés avec des métaux. Ils portent au Malabar des toiles qu’ils échangent contre des épiceries, & à Surate des ſoies qu’ils échangent contre du coton. Ils portent du riz, de la gomme-lacque, des toileries dans le golfe Perſique, d’où ils retirent des fruits ſecs, de l’eau roſe & ſurtout de l’or. Ils portent des cargaiſons riches & variées à la mer Rouge qui ne fournit guère que de l’argent. Toutes ces liaiſons avec les différentes échelles de l’Inde font entrer chaque année vingt-cinq à trente millions dans le Bengale.