Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

délicieux. Trente mille habitans, distribués en soixante-treize villages, en partagent les productions. Leur langue est l’arabe ; leur religion, un mahométisme fort corrompu. On leur trouve des principes de morale, plus épurés qu’ils ne le sont communément dans cette partie du globe. L’habitude qu’ils ont contractée de vivre de lait & de végétaux, leur a donné une aversion insurmontable pour le travail. De cette paresse, est né un certain air de grandeur, qui consiste, pour les gens distingués, à laisser croître excessivement leurs ongles. Pour se faire une beauté de cette négligence, ils les teignent d’un rouge tirant sur le jaune, que leur fournit un arbrisseau.

Ce peuple né pour l’indolence, a perdu la liberté qu’il étoit, sans doute, venu chercher d’un continent voisin, dont il doit être originaire. Un négociant Arabe, il n’y a pas un siècle, ayant tué au Mozambique un gentilhomme Portugais, se jeta dans un bateau que le hasard conduisit à Anjouan. Cet étranger se servit si bien de la supériorité de ses lumières, & du secours de quelques-uns de ses compatriotes, qu’il s’empara d’une au-