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Histoire philosophique

ſion. Perſonne n’ignore que les Marattes jettent toujours leurs regards ſur ce beau pays, & le menacent continuellement d’une irruption. Si l’on ne réuſſit pas à détourner, par la corruption ou par l’intrigue, ce dangereux orage, le Bengale ſera pillé, ravagé, quelques meſures qu’on puiſſe prendre contre une cavalerie légère, dont la célérité eſt au-deſſus de tout ce qu’on peut dire. Les courſes de ces brigands pourront ſe répéter ; & il y aura alors néceſſairement moins de tributs & plus de dépenſe.

XXXVII. L’Angleterre peut-elle ſe flatter de voir continuer la proſpérité du Bengale ?

Suppoſons cependant qu’aucun des malheurs que nous oſons prévoir, n’arrivera ; eſt-il vraiſemblable que les revenus du Bengale qui, en 1773, s’élevoient à 71 004 465 liv. mais dont le brigandage ou les dépenſes néceſſaires en abſorboient 61 379 437 livres 10 ſols, puiſſent reſter toujours les mêmes ? Il doit être permis d’en douter. La compagnie Angloiſe ne porte plus d’argent dans le pays ; elle en tire même pour ſes comptoirs. Ses agens font des fortunes incroyables, & les négocians particuliers d’aſſez grandes fortunes, dont ils vont jouir dans la métropole. Les autres nations Européennes trou-