Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/249

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des revenus, étoient forcés par la nature des choſes d’en abandonner la perception aux nababs, aux paleagars, aux zemindars, qui les ſous-affermoient à d’autres Indiens, & ceux-ci à d’autres encore ; de manière que le produit de ces terres paſſoit & ſe perdoit en partie dans une multitude de mains intermédiaires, avant d’arriver dans le tréſor du ſouba, qui n’en rendoit lui-même qu’une très-petite portion à l’empereur. Cette adminiſtration vicieuſe à beaucoup d’égards, avoit du moins cela de favorable aux peuples, que les fermiers ne changeant point, le prix des fermes étoit toujours le même ; parce que la moindre augmentation, en ébranlant cette chaîne où chacun trouvoit graduellement ſon profit, auroit infailliblement causé une révolte : reſſource terrible, mais la ſeule qui reſte en faveur de l’humanité, dans les pays opprimés par le deſpotiſme.

Peut-être, qu’au milieu de cet ordre des choſes, il y avoit une foule d’injuſtices & de vexations particulières. Mais du moins la perception des deniers publics ſe faiſant toujours ſur un taux fixe & modéré, l’émulation n’étoit point abſolument éteinte. Les