Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/251

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des fermes, & s’en approprier le bénéfice. Pour remplir ce double objet, la compagnie Angloiſe, cette compagnie ſouveraine, eſt devenue la fermière de ſon propre ſouba, c’eſt-à-dire, d’un eſclave auquel elle venoit de conférer ce vain titre, pour en impoſer plus sûrement aux peuples. La ſuite de ce nouveau plan, a été de dépouiller les fermiers, pour leur ſubſtituer des agens de la compagnie. Elle s’eſt encore emparée, toujours ſous le nom, & en apparence pour le compte du ſouba, de la vente excluſive du ſel, du tabac, du bétel, objets de première néceſſité dans ces contrées. Il y a plus. Elle a fait créer en ſa faveur, par ce même ſouba, un privilège excluſif pour la vente du coton venant de l’étranger, afin de le porter à un prix exceſſif. Elle a fait augmenter les douanes ; & elle a fini par faire publier un édit qui défend le commerce dans l’intérieur du Bengale, à tout particulier Européen, & qui le permet aux ſeuls Anglois.

Quand on réfléchit à cette prohibition barbare, il ſemble qu’elle n’ait été imaginée que pour épuiſer tous les moyens de nuire à ce malheureux pays, dont la compagnie An-