Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/261

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tive, l’amour de l’humanité, ce ſentiment inné dans tous les cœurs, eût dû leur inſpirer des reſſources. Eh quoi ! auroient pu leur crier les infortunés expirant ſous leurs yeux.

« Ce n’eſt donc que pour nous opprimer que vous êtes féconds en moyens ? Les tréſors immenſes qu’une longue ſuite de ſiècles avoient accumulés dans cette contrée, vous en avez fait votre proie ; vous les avez tranſportés dans votre patrie ; vous avez augmenté les tributs ; vous les faites percevoir par vos agens ; vous êtes les maîtres de notre commerce intérieur ; vous faites ſeuls le commerce du dehors. Vos nombreux vaiſſeaux chargés des productions de notre induſtrie & de notre ſol, vont enrichir vos comptoirs & vos colonies. Toutes ces choſes, vous les ordonnez, vous les exécutez pour votre ſeul avantage. Mais qu’avez-vous fait pour notre conſervation ? Quelles meſures avez-vous priſes, pour éloigner de nous le fléau qui nous menaçoit ? Privés de toute autorité, dépouillés de nos biens, accablés ſous un pouvoir terrible, nous n’avons pu que lever les mains vers vous, pour