Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/287

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de ces objets qui ne trouvoient pas des acheteurs dans la Gaule même, paſſoient à Marſeille, où ils étoient payés avec des vins, des étoffes, des épiceries, que les négocians de l’Italie ou de la Grèce y avoient apportés.

Ce genre de trafic ne s’étendoit pas à tous les Gaulois. On voit dans Céſar que les habitans de la Belgique avoient proſcrit chez eux les productions étrangères, comme capables de corrompre les mœurs : ils penſoient que leur ſol étoit aſſez fertile pour ſuffire à tous leurs beſoins. La police des Celtes & des Aquitains étoit moins rigide. Pour être en état de payer les marchandiſes que leur offroit la Méditerranée, & dont la paſſion devenoit tous les jours plus vive, ces peuples ſe livrèrent à un travail dont ils ne s’étoient pas avisés juſqu’alors ; ils ramaſſèrent avec ſoin les paillettes d’or que pluſieurs de leurs rivières charioient avec leurs ſables.

Quoique les Romains n’aimâſſent ni n’eſtimâſſent le commerce, il devint néceſſairement plus conſidérable dans la Gaule, après qu’ils l’eurent ſoumiſe, & en quelque ſorte policée. On vit ſe former des ports de mer à Arles, à Narbonne, à Bordeaux, dans d’au-