Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/29

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très-touchée de votre attachement & de l’attention que vous avez de m’en donner un témoignage authentique. Cette affection pour ma perſonne, vous avoit déterminés à m’avertir d’une faute qui m’étoit échappée par ignorance, mais où ma volonté n’avoit aucune part. Si vos ſoins vigilans ne m’avoient découvert les maux que mon erreur pouvoit produire, quelle douleur n’aurois-je pas reſſentie, moi qui n’ai rien de plus cher que l’amour & la conſervation de mon peuple ? Que ma main ſe deſſèche ſubitement, que mon cœur ſoit frappé d’un coup mortel, avant que j’accorde des privilèges particuliers, dont mes ſujets aient à ſe plaindre. La ſplendeur du trône ne m’a point éblouie, au point de me faire préférer l’abus d’une autorité ſans bornes, à l’uſage d’un pouvoir exercé par la juſtice. L’éclat de la royauté n’aveugle que les princes qui ne connoiſſent pas les devoirs qu’impoſe la couronne. J’oſe penſer qu’on ne me comptera point au nombre de ces monarques. Je ſais que je ne tiens pas le ſceptre pour mon avantage propre, & que je me dois