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Histoire philosophique

la ſuivent. Dès-lors les François eurent beaucoup de productions à échanger, & une facilité extrême à les faire circuler dans l’immenſe empire qui recevoit leurs loix.

Une ſituation ſi floriſſante, offrit un nouvel attrait au penchant qu’avoient les Normands à la piraterie. Ces barbares, accoutumés à chercher dans le pillage des biens que leur ſol ne pouvoit pas leur procurer, ſortirent en foule de leur âpre climat, pour amaſſer du butin. Ils ſe jetèrent ſur toutes les côtes, mais plus avidement ſur celles de France, qui leur offroient une plus riche proie. Ce qu’ils commirent de ravages, ce qu’ils ſe permirent de cruautés, ce qu’ils allumèrent d’incendies pendant un ſiècle entier dans ces fertiles provinces, ne ſe peut imaginer ſans horreur. Durant ce funeſte période, on ne ſongeoit qu’à éviter l’eſclavage ou la mort. Il n’y avoit point de communication entre les peuples, & il n’y avoit point par conséquent de commerce.

Cependant les ſeigneurs, chargés de l’adminiſtration des provinces, s’en étoient inſenſiblement rendus les maîtres, & avoient réuſſi à rendre leur autorité héréditaire. Ils