Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

productions. Ainſi le droit civil eſt peu de choſe dans ces régions : mais le droit politique y eſt encore moins étendu.

Quoique les Madecaffes admettent conſuſement la doctrine, ſi répandue, des deux principes, ils n’ont point de culte. Ils ne ſoupçonnent pas l’exiſtence d’une autre vie, & cependant ils croient aux revenans : mais doit-on chercher des idées mieux liées parmi des barbares qu’on n’en trouve chez les nations les plus éclairées ? Le plus funeſte de leurs préjugés eſt celui qui a établi des jours heureux & malheureux. On fait inhumainement mourir les enfans nés ſous des auſpices peu favorables. C’eſt une erreur cruelle qui empêche ou détruit la population.

Peu de nations ſupportent la douleur & les événemens fâcheux avec autant de patience que les Madecaffes. La vue même de la mort, dont l’éducation ne les a pas accoutumés à redouter les ſuites, ne les trouble pas. Ils attendent avec une réſignation qu’on a peine à comprendre le moment de leur deſtruction, ſi déſeſpérant pour nous. C’eſt, peut-être, une conſolation pour eux d’avoir la certitude qu’ils ne ſeront pas oubliés, lors-