Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/333

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tous les myſtères du commerce. Il étoit ordinaire d’en voir de dix ou douze ans en état de remplacer leur père. Quel contraſte, quelle diſtance de cette éducation, à celle que nos enfans reçoivent ; & cependant, quelle différence entre les lumières des Indiens, & les progrès de nos connoiſſances !

Les Banians qui avoient quelques eſclaves Abyſſins, ce qui étoit rare chez des hommes ſi doux, les traitoient avec une humanité qui doit nous paroître bien ſingulière, Ils les élevoient comme s’ils euſſent été de leur famille, les formoient aux affaires, leur avançoient des fonds, ne les laiſſoient pas ſeulement jouir des bénéfices ; ils leur permettoient même d’en diſpoſer en faveur de leurs deſcendans, lorſqu’ils en avoient.

La dépenſe des Banians ne répondoit pas à leur fortune. Réduits par principes de religion à ſe priver de viandes & de liqueurs ſpiritueuſes, ils ne vivoient que de fruits & de quelques ragoûts ſimples. On ne les voyoit s’écarter de cette économie que pour l’établiſſement de leurs enfans. Dans cette occaſion unique, tout étoit prodigué pour le feſtin, pour la muſique, la danſe, les feux