Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

grand nombre à leur retour. Les commodités, qui étoient plus multipliées dans cette fameuſe cité que dans le reſte de l’empire, y fixèrent même pluſieurs des plus opulens. Leurs jours s’écouloient dans l’inaction ou dans les plaiſirs. Le ſoin d’arquer leurs ſourcils, d’arranger leur barbe, de peindre leurs ongles & l’intérieur de leurs mains, emportoit une partie de la matinée. Le reſte du tems étoit employé à monter à cheval, à fumer, à boire du café, à ſe parfumer, à ſe coucher ſur des lits de roſe, à entendre des hiſtoires fabuleuſes, & à cultiver le pavot, eſpèce d’exercice qui avoit pour eux de puiſſans attraits.

Les fêtes que ces hommes voluptueux ſe donnoient ſouvent, pour prévenir l’ennui d’une vie trop monotone, commençoient par une profuſion étonnante de rafraichiſſemens, de ſucreries, de parfums les plus exquis. Des tours de force ou d’adreſſe, exécutés ordinairement par des Bengalis, ſuivoient ces amuſemens tranquilles. Ils étoient remplacés par une muſique, que des oreilles délicates auroient peut-être réprouvée, mais qui étoit du goût de ces Orientaux. La nuit, qu’ou-