Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/349

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avoit à craindre. Lorſque ces brigands approchoient pour piller, le gardien menaçoit de ſe donner la mort, s’ils perſiſtoient dans leur réſolution ; & ſi l’on ne cédoit pas à ſes remontrances, il ſe la donnoit effectivement.

Les hommes irréligieux, que le reſpect pour un ſang révéré de leur nation n’avoit pas arrêtés, étoient excommuniés, dégradés, exclus de leur cafte. La crainte de ces peines rigoureuſes enchaînoit quelquefois l’avarice : mais depuis que tout eſt en combuſtion dans l’Indoſtan, aucune conſidération n’y peut éteindre la ſoif de l’or.

Malgré ces malheurs, Surate eſt encore une ville de grand commerce. Tout le Guzurate verſe dans ſes magaſins, le produit de ſes innombrables manufactures. Une grande partie eſt tranſportée dans l’intérieur des terres ; le reſte paſſe, par le moyen d’une navigation ſuivie, dans toutes les parties du globe. Les marchandiſes les plus connues, ſont les douttis, groſſe toile écrue qui ſe conſomme en Perſe, en Arabie, en Abyſſinie, ſur la côte orientale de l’Afrique, & les toiles bleues qui ont la même deſtination, & que les Anglois & les Hollandois