Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/365

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codom. Ce légiſtateur des Siamois fut longtems honoré comme un ſage, & il a été honoré depuis comme un dieu, ou comme une émanation de la divinité, un fils de dieu. Il n’y a pas de merveille qu’ils n’en racontent. Il vivoit avec un grain de riz par jour. Il arracha un de ſes yeux pour le donner à un pauvre auquel il n’avoit rien à donner. Une autre fois il donna ſa femme. Il commandoit aux aſtres, aux rivières, aux montagnes : mais il avoit un frère qui le contrarioit beaucoup dans ſes projets de faire du bien aux hommes. Dieu le vengea, & crucifia lui-même ce malheureux frère. Cette fable avoit indiſpoſé les Siamois contre la religion d’un Dieu crucifié ; & ils ne pouvoient révérer Jéſus-Chriſt, parce qu’il étoit mort du même genre de ſupplice que le frère de Sommonacodom.

S’il n’étoit pas poſſible de porter des marchandiſes à Siam, on pouvoit travailler à en inſpirer peu-à-peu le goût, préparer un grand commerce dans le pays même, & ſe ſervir de celui qu’on trouvoit en ce moment, pour ouvrir des liaiſons avec tout l’Orient. La ſituation du royaume entre deux golfes où