Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/40

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ſuppoſer que dix facteurs & onze ſoldats étrangers, aient pu former le projet de s’emparer d’une place où il y avoit une garniſon de deux cens hommes. Quand même ces malheureux auroient vu la poſſibilité de faire réuſſir un plan ſi extravagant, n’en auroient-ils pas été détournés par l’impoſſibilité d’être ſecourus contre les forces ennemies qui les auroient aſſiégés de toutes parts ? Il faudroit, pour rendre vraiſemblable une pareille trahiſon, d’autres preuves qu’un aveu des accusés arraché à la force des tortures. Les tourmens de la Queſtion n’ont jamais donné de lumières, que ſur le courage ou la foibleſſe de ceux qu’un préjugé barbare y condamnoit. Ces conſidérations, appuyées de pluſieurs autres à-peu-près auſſi preſſantes, ont rendu le récit de la conſpiration d’Amboine ſi ſuſpect, qu’elle n’a été regardée communément que comme un voile, dont s’étoit enveloppée une avarice atroce.

Le miniſtère de Jacques I, & la nation entière, occupés alors de ſubtilités eccléſiaſtiques & de la diſcuſſion des droits du roi & du peuple, ne s’apperçurent point des outrages que le nom Anglois recevoit dans l’O-