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Histoire philosophique

France jetta encore quelque éclat au-dehors : mais le dépériſſement de ſon intérieur devenoit tous les jours plus grand. Les finances, adminiſtrées ſans ordre & ſans principes, furent la proie d’une foule de traitans avides. Ils ſe rendirent néceſſaires par leurs brigandages même, & parvinrent à donner la loi au gouvernement. La confuſion, l’uſure, les mutations continuelles dans les monnoies, les réductions forcées d’intérêt, les aliénations du domaine & des impoſitions, des engagemens impoſſibles à tenir, la création des rentes & des charges, les privilèges, les exemptions de toute eſpèce : cent maux plus ruineux les uns que les autres, furent la ſuite déplorable & inévitable des mauvaiſes adminiſtrations qui ſe ſuccéderent preſque ſans interruption.

Le diſcrédit devint bientôt univerſel. Les banqueroutes ſe multiplièrent. L’argent diſparut. Le commerce fut anéanti. Les conſommations diminuèrent. On négligea la culture des terres. Les ouvriers paſſèrent chez l’étranger. Le peuple n’eut, ni nourriture, ni vêtement. La nobleſſe fit la guerre ſans appointemens & engagea ſes poſſeſſions. Tous