Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/413

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quittés à vue & ſans eſcompte par ceux qui étoient chargés du maniement des deniers publics. Par ce règlement important, on retenoit le produit des tributs dans les provinces, on épargnoit au prince & à la nation la voiture de l’argent, & les retraits auſſi multipliés qu’inutiles, qu’il faiſoit entre les mains de divers tréſoriers. Cette opération, qui porta le crédit de la banque au plus haut période, ne fut pas moins utile au gouvernement. Ses recouvremens ne ſe firent pas ſeulement ſans ces violences, qui, depuis ſi long-tems, décrioient l’adminiſtration & déſeſpéroient les peuples ; il vit encore dans ſes revenus une augmentation continuelle & rapide, qui ne pouvoir pas manquer de changer un jour ſa ſituation.

Le ſpectacle ineſpéré de tant d’avantages fit regarder Law comme un génie juſfe, étendu, élevé, qui dédaignoit la fortune, qui aimoit la gloire, qui vouloit aller à la poſtérité par de grandes choſes. La reconnoiſſance le jugeoit digne des monumens publics les plus honorables. Cet étranger hardi & entreprenant, profita d’une diſpoſition ſi favorable des eſprits, pour accélérer l’exé-