Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/427

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à peine, des terres qu’il a cultivées, aſſez de paille pour couvrir ſa chaumière & ſe faire un lit. Vois le concuſſionnaire protégé tourner auprès de ſa pauvre demeure, pour trouver dans l’apparence de quelque amélioration à ſon triſte ſort le prétexte de redoubler ſes extorſions. Vois des troupes d’hommes, qui n’ont rien, quitter dès l’aurore leur habitation & s’acheminer, eux, leurs femmes, leurs enfans, leurs beſtiaux, ſans ſalaire, ſans nourriture, à la confection des routes, dont l’avantage n’eſt que pour ceux qui poſſèdent tout.

Je le vois. Ton âme ſenſible eſt accablée de douleur ; & tu demandes, en ſoupirant, quel eſt le remède à tant de maux. On te le dira ; tu te le diras à toi-même. Mais auparavant ſache que le monarque qui n’a que des vertus pacifiques peut ſe faire aimer de ſes ſujets, mais qu’il n’y a que la force qui le faſſe reſpecter de ſes voiſins ; que les rois n’ont point de parens, & que les pactes de famille ne durent qu’autant que les contractans y trouvent leur intérêt ; qu’il y a encore moins de fonds à faire ſur ton alliance avec une maiſon artificieuſe, qui exige rigou-