Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/446

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
432
Histoire philosophique

la convention auroit été faite de bonne-foi de part & d’autre, mille inconvéniens qu’il n’étoit pas poſſible de prévoir, devoient déranger une harmonie dont les accords étoient ſi fragiles. Elle ne vit pas que l’objet qu’on ſe propoſoit ne pouvoit jamais être qu’imparfaitement rempli, parce que la marine guerrière des deux nations n’étant pas liée par les traités des compagnies, attaqueroit dans les mers d’Europe les navires de ces ſociétés. Elle ne vit pas que dans les colonies même, les deux parties feroient des préparatifs pour n’être pas ſurpriſes ; que ces précautions mèneroient à une défiance réciproque, & la défiance à une rupture ouverte. Elle ne vit rien de tout cela, & l’eſcadre fut rappelée. Les hoſtilités commencèrent, & la priſe de preſque tous les bâtimens François qui naviguoient dans l’Inde, fit voir trop tard quelle avoit été la politique la plus judicieuſe.

La Bourdonais fut touché des fautes qui cauſoient le malheur de l’état, comme s’il les eut faites lui-même, & il ne ſongea qu’à les réparer. Sans magaſins, ſans vivres, ſans argent, il parvint par ſes ſoins & par ſa confiance, à former une eſcadre, compoſée d’un vaiſſeau