Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/457

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force ; que ſes ſucceſſeurs, quoique abſolus, fuſſent obligés d’être juſtes. Le prince devoit être le juge du peuple & l’arbitre de l’état. Mais ſon tribunal & ſon conſeil étoient dans la place publique. L’injuſtice & la tyrannie aiment à ſe renfermer dans l’ombre ; elles ſe cachent à ceux qu’elles oppriment. Mais quand le monarque ne veut agir que ſous les yeux de ſes ſujets, c’eſt qu’il n’a que du bien à leur faire. Inſulter en face à des hommes raſſemblés, eſt une injure dont les tyrans même peuvent rougir.

Le principal appui de l’autorité, étoit un corps de quatre mille hommes, qui s’appeloient les premiers eſclaves du prince. C’eſt dans ce corps que l’on choiſiſſoit les Omrahs, c’eſt-à-dire, ceux qui entroient dans les conſeils de l’empereur, & à qui il donnoit des terres honorées de grands privilèges. Ces ſortes de fiefs étoient toujours amovibles, & le prince héritoit de ceux qu’il en avoit rendus poſſeſſeurs. C’eſt à cette condition qu’étoient données toutes les grandes places : tant il paroit de la nature du deſpotiſme, de n’enrichir des eſclaves que pour les dépouiller.