Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/469

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ces mêmes Perſans avoient été autrefois diſſipés devant trente mille Grecs inſtruits par Alexandre. Thamas entra victorieux dans Delhy, reçut les ſoumiſſions de Muhammet, permit à cet imbécile monarque de vivre & de régner, réunit à la Perſe les provinces qui étoient à ſa bienséance, & ſe retira chargé d’un butin immenſe & des dépouilles de l’Indoſtan.

Muhammet, mépriſé par ſon vainqueur, le fut encore plus par ſes ſujets. Les grands ne voulurent plus relever du vaſſal d’un roi de Perſe. Les nababies devinrent indépendantes, & ne furent plus ſoumiſes qu’à un léger tribut. Inutilement l’empereur exigea qu’elles continuâſſent d’être amovibles. Chaque nabab employoit la force, pour rendre la place héréditaire, & le fer décidoit de tout. La guerre ſe faiſoit continuellement entre le maître & les ſujets, ſans être traitée de rébellion. Quiconque put payer un corps de troupes, prétendit à une ſouveraineté. La ſeule formalité qu’on obſervoit, c’étoit de contrefaire le ſeing de l’empereur dans un firman ou brevet d’inveſtiture. L’uſurpateur ſe le ſaifoit apporter & le recevoit à genoux.