Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/471

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des étrangers déprédateurs ou pour des oppreſſeurs domeſtiques. La misère & la famine ſe firent ſentir. Ces calamités qui, depuis dix ans, ravageoient les provinces de l’empire, alloient s’étendre juſqu’à la côte de Coromandel. Le ſage Nizam-Elmoulouk, ſouba du Décan, n’étoit plus. Sa prudence & ſes talens avoient fait fleurir la partie de l’Inde ou il commandoit. Les négocians d’Europe craignirent que leur commerce ne tombât, lorſqu’il n’auroit plus cet abri. Contre ce danger, ils ne voyoient de reſſource que la propriété d’un terroir aſſez vaſte pour contenir un nombre de manufacturiers ſuffiſant pour former leurs cargaiſons.

XXII. Moyens employés par les François pour ſe procurer de grandes poſſeſſions dans l’Inde.

Dupleix fut le premier qui vit la poſſibilité de réaliſer ce ſouhait. La guerre avoit amené à Pondichery des troupes nombreuſes, avec leſquelles il eſpéra de ſe procurer par des conquêtes rapides, des avantages plus conſidérables que les nations rivales n’en avoient obtenus par une conduite ſuivie & réfléchie.

Depuis long-tems il étudioit le caractère des Mogols, leurs intrigues, leurs intérêts politiques, il avoit acquis ſur ces objets des lumières, qui auraient pu étonner dans un